Two Cowboys

[Moratto]

Il y a plus à dire qu'il y paraît sur ce one shot de 1994 ayant eu un joli succès international qu'est Everybody Gonfi Gon sorti sous le nom Two Cowboys, en 1994, en pleine mode cowboy dance, arrivé après The Grid et avant Rednex, il est sur le podium des succès commerciaux de cette mode éphémère.

 

Le Decadancebook lui consacre d'ailleurs tout un article, c'est ce qui me donne l'idée de me pencher sur ce topic, vu que je vais en profiter pour y faire quelques références.

 

https://decadancebook.wordpress.com/2020/10/16/two-cowboys-everybody-gonfi-gon-welcome/

 

Donc les deux cowboys en question, c'est un des duos les plus percutants de la dance italienne au milieu des 90's, Maurizio Braccagni (MaBra) et Roberto Gallo Salsotto. Ce dernier fait partie des producteurs italiens issus de la période italo disco, où il travaillait avec son frère, mais comme beaucoup d'autres, s'est mis à la dance au début des 90's, réalisant par exemple le Burn In His Hands de P-Lion. Avec MaBra, ils ont commencé à concevoir des projets communs en cette même année 94, et avaient eu un succès en Italie avec leur galop d'essai, Africa pour Dynamic Base, avant de passer au projet Two Cowboys. 

 

Gallo Salsotto revient sur leur collaboration :

 

"Nous avons été présentés par les propriétaires de Dancework, Fabrizio Gatto et Claudio Ridolfi, un label avec lequel je travaillais depuis un certain temps, Braccagni cherchait quelqu'un qui disposerait d'un studio d'enregistrement pour réaliser divers projets. Au début, nous avons travaillé ensemble dans mon studio, mais j'ai remarqué que son désir d'indépendance grandissait en lui. Nous avions des styles différents et souvent mes choix, bien qu'approuvés par lui, ne le représentaient pas pleinement. Peu de temps après, il a ouvert son propre studio et nous avons commencé à travailler séparément sur des projets communs. Chacun, en somme, a élaboré sa propre version et depuis que nous avons adopté cette méthode, les différences stylistiques auxquelles j'ai fait référence sont devenues tout à fait évidentes. ""Everybody Gonfi Gon" a été le premier disque avec lequel Braccagni et moi avons réussi à atteindre la cinquième place dans le classement des singles les plus vendus au Royaume-Uni" . Nous avons participé personnellement, en tant qu'artistes, à des événements importants de l'autre côté de la Manche, notamment à Hyde Park, à Londres, où s'est tenu un événement comparable à notre Festivalbar, et à Top Of The Pops, à la télévision. Enfin, nous avons nous aussi eu la chance de figurer parmi les "élus" que j'ai mentionnés précédemment. Nous ne pouvions pas rêver d'un meilleur début que cela. Nous avons réalisé le titre en seulement vingt-quatre heures (le lendemain, nous avons juste fait les dernières retouches). Maurizio m'a apporté un disque promotionnel espagnol inconnu qui contenait une tournure de violon de style occidental. Il a affirmé qu'il était très fort et que nous devrions le refaire avec une base plus "tamarra". Une fois les instruments allumés, c'était facile car, en fait, ce seul tour de violon rappelait les bons arrangements. Braccagni avait raison sur les sensations qu'il a ressenties en entendant ce violon. Le reste, c'est de l'histoire. Les instruments que nous utilisions à l'époque étaient deux échantillonneurs Akai S1000, des synthétiseurs Roland JV-1080, Oberheim Matrix 1000, Korg 03R/W et quelques expandeurs moins importants, ainsi qu'un enregistreur numérique à quatre pistes pour les masters, un Akai DR4. Le tout piloté par le célèbre Atari ST Mega 4 et le logiciel Cubase que j'utilise encore aujourd'hui". 

 

Voici d'ailleurs le clip de ce titre qui a aussi atteint le top 10 dans les clubs français à l'automne 94

 

 

 

Parmi les différentes versions disponibles, deux ont ma préférence, les plus puissantes, le Valencia Mix et le Costa Del Sol Mix :

 

 

 

La précision par rapport au disque promotionnel inconnu mentionné, c'est bien que ce titre est en fait une adaptation illégitime (sans aucune référence) d'un titre espagnol sorti en Italie en 93, Falkon Krest avec Everybody Go See Go. Autant se demander comment le sample est passé de Go See Go à Gonfi Gon !  On remarque que ce titre samplait lui-même illégitimement MC Sar & The Real McCoy.

 

 

Et il est d'ailleurs ressorti remixé en 94 pour profiter du succès des Two Cowboys.

 

 

Il y a bel et bien eu une bataille juridique entre les deux qui a duré 8  ans et a été perdue par les Two Cowboys, comme le signale Gallo Salsotto :

 

"Le disque a été traité au niveau international par la grande maison de disques britannique London Records. Le fait de se retrouver si haut dans les ventes au Royaume-Uni a été le moteur du lancement dans de nombreux autres pays. Il s'est très bien vendu mais je ne peux pas fournir de chiffres officiels car, malgré l'avalanche de 12″ et de compilations dans le monde entier, nous n'avons jamais eu accès aux rapports pour des raisons juridiques. Nous avons été poursuivis pour plagiat pour cette tournée de violon qui, hélas, ne nous appartenait pas, nous n'avons pas pu bénéficier des recettes générées par le succès de "Everybody Gonfi Gon". Nous avons perdu le procès civil, qui a duré huit ans, et les recettes sont allées aux auteurs originaux. Nous avons essayé de parvenir à un accord avec l'autre partie, mais nous n'avons pas pu. Cependant, malgré cela, "Everybody Gonfi-Gon" a été un tremplin important pour nous permettre de travailler à un haut niveau. Nous avons fait un deuxième single de Two Cowboys, en utilisant une nouvelle ronde de violon cette fois-ci originale, mais n'avons jamais pu le sortir à cause de l'opinion négative de London Records, contre l'utilisation de cet instrument à nouveau. La prédiction s'est avérée fausse puisque peu de temps après, le Rednex a sorti "Cotton Eye Joe". En utilisant notre idée, les Suédois ont obtenu un succès mondial bien supérieur à celui des Two Cowboys. 

 

Mais côté remixes, ils ont eu un autre top 10 en UK grâce à leur version de Berri - The Sunshine After The Rain, qui était la version principale.

 

 

 

Ils ont aussi remixé le follow up, Shine Like A Star.

 

 

...ou encore Dance The Night Away de Nina (l'Euro Mix) et All I Need Is Love de (In)Diana('s).

 

 

Ou encore celui qui marque la fin des Two Cowboys, X-Files de DJ Dado. Gallo Salsotto travaillait alors de très près avec DJ Dado, puisque c'est tout simplement lui qui produisait ses titres !

 

 

Gallo Salsotto :

 

"J'ai fait, surtout par moi-même, de nombreuses productions et parmi celles-ci j'en ai affecté certaines à un projet qu'un ami cher voulait proposer au propriétaire d'un magasin de disques de Viale Monza, à Milan, un certain Flavio D'Addato. A l'époque, D'Addato cherchait quelqu'un pour faire des enregistrements qu'il pourrait mettre son nom sur la couverture. C'est ainsi qu'est née la carrière artistique de DJ Dado. Il lui a fallu quelques années pour atteindre le succès que tout le monde connaît, à commencer par "Rhythm Of Pleasure" qu'il a signé sous le nom de Flavio Dado en 93. Ce n'est qu'en 1996 que le succès a frappé à la porte de ce projet qui, bien que n'ayant pas bénéficié de la "poussée" d'Albertino (qui préfère "The Truth" de Trinity, produit par le britannique Ian Anthony Stephens, nda) a réussi à s'imposer fortement en Italie et à l'étranger. Ainsi, pour la troisième année consécutive, j'ai pu placer un single dans le top 10 britannique, après Two Cowboys en 1994 et New Atlantic en 1995, un exploit presque impossible pour un Italien. "X-Files" reste le record qui, au niveau international, a donné le plus de satisfaction, au moins en termes numériques. En studio, j'ai toujours travaillé seul, tant sur les productions que sur les innombrables remixes marqués DJ Dado, à l'exception des titres produits à partir de 1997 qui ont vu l'intégration dans l'équipe de Charlie Aiello et Miki Giorgi, connue sous le nom d'Antiqua, ce qui a entraîné ce changement de son, plus pop, soutenu par les voix de Michelle Weeks et Simone Jay. Quant à la gestion des rôles, je me suis toujours occupé de la partie musicale, D'Addato, par contre, s'est occupé exclusivement de la gestion de la "marque", en plus de son activité de DJ, qui a évidemment pris son envol grâce à son succès d'enregistrement. Sans vouloir blesser la sensibilité des nombreux fans de DJ Dado qui se demandent maintenant ce qu'il a fait concrètement pour "mériter" le succès, je me souviens que dans le monde de la danse, il était d'usage de produire de la musique pour donner plus tard un visage représentatif, presque toujours différent de ceux qui ont effectivement participé à la création de la même. Je me souviens de Den Harrow dans les années 80, de Corona dans les années 90 et de Billy More dans les années 2000, mais il y en a vraiment eu beaucoup d'autres (et à cet égard, veuillez vous référer à ce rapport détaillé, nda). En 1999, j'ai décidé d'arrêter de travailler avec Flavio D'Addato à cause de problèmes interpersonnels. Malgré la notoriété atteinte, j'ai voulu recommencer avec d'autres projets et de nouvelles collaborations qui, heureusement, n'ont pas tardé à arriver". 

[Leto]

Ah bah oui, c'était clairement un plagiat, et sans grand travail en plus (tu m'étonnes qu'il a fallu que 24h...)

Merci pour les traductions ^^

[Klems]

Jamais pu supporter ce titre, et un point pas noté ici c'est que c'était Nathalie Aarts qui faisait office de "chanteuse" pour les "live":

 

 

[Sangore]

Belle présentation, Moratto !

 

J'ai découvert Everybody Gonfi-Gon sur l'excellente compilation Pure Energie 94 volume 2 (lien Discogs). Comme c'est une compil' allemande, j'imagine que ça a bien fonctionné là-bas. (En Belgique, je n'en avais pas entendu parler). C'est la bonne version qu'il y avait dessus, la + Eurodance. J'adore quand démarrent les parties + Euro, absentes de la v.o.

[Moratto]

Attention, présence sur une ou des compils n'est pas forcément synonyme de succès  !

 

Merci Klems pour la video avec Nathalie Aarts dont je n'avais pas repéré qu'elle avait été associée à ce coup-là. C'est un bel exemple de nana qui a donc pu être pour certains trucs à la fois "chanteuse de studio non créditée" (ex : Inside Out - Keep On Dancin'), "frontlady playbackeuse" (comme Two Cowboys ici) et donc "chanteuse officielle" (ex : The Soundlovers) ! 

 

Sinon pour compléter, le remix de Subsonic Force paru en 94 est sûrement la version la plus décapante, mais je ne l'ai jamais entendue à l'époque.

 

 

Et le titre est ressorti remixé en 99.

 

 

[Eurohit.Music]

Jamais pu supporter cette grosse croûte, toutes versions confondues. Mais c'est toujours sympa d'en apprendre la source, en plus vraiment pas foulée...

[SMR]

Je trouve ce titre mieux agencé que tout le reste de la country dance (Rednex en tête) et notamment grâce aux deux remixes suscités par Moratto. Mais c'est quand même loin d'être ma came...

[Jickily]

Pareil, ça me rappelle des bons souvenirs de l'émission tous en boite avec Pascal Remy 

Sans cela, je n'aurais peut être jamais accroché 

[Sangore]

Il y a 20 heures, Moratto a dit :

Sinon pour compléter, le remix de Subsonic Force paru en 94 est sûrement la version la plus décapante, mais je ne l'ai jamais entendue à l'époque.

 

 

Yiiiiihaaaaaaaaaa !!! C'est ça qu'on veut !!!

 

Il y a 20 heures, Moratto a dit :

Attention, présence sur une ou des compils n'est pas forcément synonyme de succès  !

 

Je sais qu'il y a aussi le phénomène des titres bouche-trous de compilations, mais ici ce n'est pas le cas. D'après le site de l'Ultratop, en Allemagne, le titre a atteint la 23e place et est resté dans le classement pendant 14 semaine, ce qui est honorable. Et, à l'inverse, il n'a pas du tout été classé en Belgique (tu confirmes, @Lycanos?). https://www.ultratop.be/fr/song/b1c/Two-Cowboys-Everybody-Gonfi-Gon

Modifié 4 novembre 2020 par Sangore

[tecnoman]

Le 03/11/2020 à 01:18, Moratto a dit :

Il y a bel et bien eu une bataille juridique entre les deux qui a duré 8  ans et a été perdue par les Two Cowboys, comme le signale Gallo Salsotto :

 

 

 

Ah il y a quand même une justice parfois , trop facile de pomper tout le temps et de chercher son inspiration ailleurs !

 

Le Valencia mix passait bien en club , pas autant que Red Nex mais il savait mettre l'ambiance aussi , du coup il ne m'a jamais trop dérangé même si je le trouve saoulant à la longue .

 

Les remixes de X Files et Diana sont ratés par contre celui de Nina Dance the Night Away est excellent

 

 

[orion8k]

J'ai ça sur Dance Attitude vol:4, bon c'est toujours le titre que je zapper, j'ai jamais accroché, le Subsonic Force passe bien mieux par contre.