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Oui il me semblait aussi , mais pourquoi ne pas avoir nommé Digital Boy du début :pirate:

Bonne question qu'on pourrait te poser, vu que c'est toi qui avais créé ce topic ! :P Tu peux encore le renommer à l'identique de celui-ci, ça poussera peut-être dans le sens de la fusiong (qui se fait attendre ! ;) )

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Ça se fait attendre parce qu'avec vos conneries je dois supprimer le producteur et tout modifier :P

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Oui il me semblait aussi , mais pourquoi ne pas avoir nommé Digital Boy du début :pirate:

Bonne question qu'on pourrait te poser, vu que c'est toi qui avais créé ce topic ! :P Tu peux encore le renommer à l'identique de celui-ci, ça poussera peut-être dans le sens de la fusiong (qui se fait attendre ! ;) )

C'est fait et je savais que c'était moi :P , j'avais mis le nom du producteur car je parlais aussi d'autres projets.

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"Dance You got the chance"

 

Le 26/02/2009 à 00:31, Moratto a dit :

Oui, c'est un sample qui est régulièrement revenu, c'en était déjà un dans le titre de Digital Boy, je tomberai bien sur l'original de ce sample un de ces jours ! :non: Là, de suite, je me rappelle de sa présence aussi dans le On The Move de Barthezz aka Bart Claessen.

 

tu as trouvé depuis ? :D

 

Mix Masters Feat. MC Action - In The Mix (Boogie Man's Mix)

 

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Oui pour celui-là, depuis 2009 il y avait eu un peu de temps ! ;) Ça mériterait son topic dans la partie samples aussi ça, vu son utilisation récurrente dans pas mal de prods régulièrement entendues.

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Rétrospective par Luca Pretolesi lui-même, un résumé en français serait le bienvenu si au sein du forum il y a des italophones

 

Modifié par dx7
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La vidéo retrace le parcours de Luca Pretolesi :

 

Passionné de musique très jeune, il décide, après avoir étudié le piano, que Mozart, ce sera pas son truc. A 11-12 ans il fait des remixes sur son radio double-cassettes, puis il est DJ dans des villages-vacances, et également le week-end à Gènes, Ligurie (sa ville d'origine). Il se passionne pour la Techno, un genre qui se répand comme un phénomène de masse au Nord de l'Europe. En Italie, personne n'en produit encore. Vers 17 ans, Pretolesi commence à envoyer ses démos. Pour la Flying Records, qui suit des artistes belges ou hollandais, ce son Techno made in Italy est inédit. La société lui propose de le produire, mais il doit presser ses vinyles par ses propres moyens. Il a 19 ans à la sortie de son premier disque. Il enchaîne rapidement les succès, notamment grâce à la promotion menée par Radio Deejay.

 

Pretolesi est reconnu comme l'inventeur de l'Hoover Sound (ou son aspirateur), un son repris par de nombreux artistes et notamment Lady Gaga. A l'origine, c'est un son qui faisait partie de sa (Roland Alpha) Juno 2 (avec laquelle il fabriquait la majeure partie des sons de ses morceaux). Un après-midi, lors d'un sound check dans un club, il a mis ce son. A partir de là j'ai pas tout compris, si ce n'est que ce son lui a fait une forte impression et que de ce moment, il l'a utilisé dans différents disques. Différents artistes, et donc Lady Gaga, l'ont ensuite littéralement répliqué sur un synthé virtuel (Sylenth) exactement de la même façon qu'il l'avait créé.

 

[Certains commentaires de la vidéo disent que ce n'est Pretolesi l'inventeur de ce son, mais un ingénieur de chez Roland : Eric Persing - Roland Alpha Juno, et que même s'il l'a retravaillé, c'est un bien grand mot de dire qu'il en est l'inventeur. Par ailleurs, en même temps que lui, d'autres titres utilisaient l'Hoover Sound, comme Dominator - Human Resource, ou Joey Beltram dans Second Phase - Mentasm]

 

En conclusion : Pretolesi vit désormais à Las Vegas, il possède 3 studios d'enregistrement, dont 1 à Amsterdam... Et les années 90, bah c'était vachement bien:shades:

Modifié par Astralys
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Merci bien! 

Modifié par dx7
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Merci Astralys !

En effet si le son était tel quel dans le synthé, il ne l'a pas inventé :D

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Il y a 15 heures, Leto a dit :

En effet si le son était tel quel dans le synthé, il ne l'a pas inventé :D


Le plus étonnant est qu'on ne retrouve le hoover dans aucune de ses productions de 90/91/92
peut-être à la limite dans le  "Children Of The House (Live In Rotterdam)" à la fin de l'album Futuristik, et encore, on est loin de la hooveritude d'un Mentasm ou d'un Dominator.

Digital Boy - Futuristik (album)

 

Digital Boy - Technologiko (album)

 

Dans l'ensemble j'aime bien ces vieux trucs techno / hardcore

Puis il y a le "Crossover" que j'adore en 1993

Après je ne connais pas les titres qui ont suivi.

Modifié par chrisAtWavosaur
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Merci Astralys ! Bon visiblement il en rajoute en effet, je ne vois pas non plus comment lui attribuer le mérite de la popularisation du Hoover Sound.

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Il y a 19 heures, Moratto a dit :

Merci Astralys ! Bon visiblement il en rajoute en effet, je ne vois pas non plus comment lui attribuer le mérite de la popularisation du Hoover Sound.

De rien!  Bon, il y a une petite erreur : En fait Flying Records a accepté de distribuer (et non produire) ses disques, à condition qu'il se débrouille pour les presser. On est d'accord que distribuer et produire c'est différent (logiquement la distribution suit la production)? Globalement, je vois peu près les différentes étapes du process, mais dans certains cas j'ai du mal à discerner les rôles respectifs des producteurs, des labels et des maisons de disques... Est-ce que, par exemple, certains producteurs peuvent être "propriétaires"  ou membres du label? Il faudrait faire un topic là-dessus (si ça n'existe pas déjà, mais comme ça, ça ne me dit rien...).

 

Le 07/06/2018 à 20:09, chrisAtWavosaur a dit :


Le plus étonnant est qu'on ne retrouve le hoover dans aucune de ses productions de 90/91/92
peut-être à la limite dans le  "Children Of The House (Live In Rotterdam)" à la fin de l'album Futuristik, et encore, on est loin de la hooveritude d'un Mentasm ou d'un Dominator.

Dans la vidéo, il utilisent ce morceau pour illustrer le son :

 

Digital Boy - This Is Motha Fucker 

 

 

Je suis pas du tout pro en Hoover Sound (pas ma came), mais j'ai l'impression de le reconnaître à 0'07''?

 

J'ai une grosse préférence pour Crossover, Dig It All Beat! et The Mountain of King.

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Il y a 17 heures, Astralys a dit :

Digital Boy - This Is Motha Fucker 

J'aime bien celui là, à l'époque il arrachait bien la tête :D

 

Il y a 17 heures, Astralys a dit :

Je suis pas du tout pro en Hoover Sound (pas ma came), mais j'ai l'impression de le reconnaître à 0'07''?

Ça y fait un peu penser à cause de l'enveloppe sur le pitch, mais ça n'est pas le fameux "hoover".

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Je n'ai pas trouvé de topic pour Digital Boy.

 

Est-ce que l'un de vous aurait un lien pour me faire entendre le titre OK! Alright (Frank De Wulf remix) qui semble être la version qui a été diffusée en France car en piste 1 des supports français.

 

Et je suis preneur d'informations au sujet de Digital Boy. ;)

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il y a 13 minutes, Pinkandromeda a dit :

Je n'ai pas trouvé de topic pour Digital Boy.

 

Et je suis preneur d'informations au sujet de Digital Boy. ;)

Le topic existe bien ;)

J'ai fusionné les 2, tu vas donc pouvoir lire les échanges précédents ^^

 

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La version qui était diffusée en France, c'est celle ci-dessous. Mais je n'avais jamais remarqué qu'il s'agissait d'un remix de Frank De Wulf, d'ailleurs seul le pressage français y fait référence, partout ailleurs ça s'appelle "Techno Extended Mix", sans aucune référence à Frank De Wulf, qui avait en revanche remixé Gimme A Fat Beat. J'ai failli dire que c'est très bizarre cette histoire, mais il y a quelque chose qui selon moi expliquerait tout : le label français du titre est Flarenasch ! :D

 

 

Modifié par Moratto
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Le 10/03/2021 à 08:25, Pinkandromeda a dit :

Et je suis preneur d'informations au sujet de Digital Boy. ;)

 

Pour ceux qui comme toi voulaient plus d'infos, là c'est un raz-de-marée qui va arriver, car le Decadancebook a une nouvelle fois livré un article hyper complet dont voici la source originelle et c'est donc dédié à toute la carrière de Luca Pretolesi aka Digital Boy. Je vais en livrer ici-même la traduction, mais ce sera en plusieurs fois vu la longueur du truc.

 

La carrière de Digital Boy, quand la techno devient pop

 

Parler de techno en Italie a toujours été assez difficile et controversé, surtout si l'on se réfère au début des années 1990, lorsque le genre a débarqué de Détroit sur le Vieux Continent et a commencé à s'européaniser, en changeant considérablement ses caractéristiques en fonction de diverses dynamiques, dont la localisation géographique. En Italie, par exemple, il existe un cercle d'artistes, majoritairement romains, qui gardent bien en tête la leçon donnée par les doyens de la Motor City, mais ils sont une minorité. La techno qui s'est installée dans la Botte, entre 1991 et 1992, était principalement la fille du new beat belge amalgamé à des éléments de la culture rave de la production anglo-néerlandaise. Un courant construit sur des gimmicks dérivés d'échantillons d'origines hétérogènes (dont des films, des dessins animés et des sons onomatopéiques), des solos de synthétiseurs et des structures rythmiques avec kickdrum en évidence : pour un nombre indéterminé d'Italiens, la techno est fondamentalement tout ce qui fonctionne sur une grosse caisse et un bpm soutenu, et s'oppose clairement à la house/garage, imprégnée au contraire de sons plus proches des instruments traditionnels et liés à des parties vocales. Selon cette approche simplificatrice, la techno se configure donc comme un genre colérique, effronté, énergique, vigoureux, bourré d'adrénaline, presque toujours instrumental et alimenté par les tech(h)nologies qui envahissent chaque studio d'enregistrement de manière capillaire, les synthétiseurs, les batteries électroniques et surtout les échantillonneurs avec lesquels il est possible de prélever et d'isoler des fragments de partout pour les relocaliser dans de nouveaux noyaux sonores.


Parmi les protagonistes italiens de cette phase figure un jeune Ligure, Luca Pretolesi, né à Gênes en 1970 et attiré par la musique au point de quitter sa ville natale à l'âge de seize ans pour se rendre à Milan où il fréquente une école pour apprendre les rudiments de l'enregistrement audio, Professione Musica. "J'étais le plus jeune de la classe et j'ai suivi ce cours pendant trois ans mais, étant donné mon jeune âge, je ne pensais pas que j'allais utiliser ce que j'apprenais pour quelque chose de précis", révèle-t-il dans une interview de 2015. En réalité, Pretolesi allait bientôt mettre à profit les connaissances qu'il avait acquises dans cette école de la commune milanaise, décisives pour sa carrière artistique qui allait commencer de manière inattendue peu de temps après.

 

1990, le Demo Studio et les premières productions indépendantes

 

La house music est la grande nouveauté faisant qu'à partir de 1989 les Italiens, après une période de formation de deux ans environ, parviennent à s'exporter aux quatre coins du globe, y compris aux États-Unis. Il s'agit d'un genre capable de briser l'élitisme qui, pendant des décennies, n'avait permis qu'à un certain type de musiciens de composer de la musique, un son encore plus "démocratique" que l'Italo-disco des années immédiatement précédentes, car il n'implique pas nécessairement un schéma lié au format de la chanson, qui suppose donc un texte et un chanteur pour l'interpréter. La house fonctionne également sous forme instrumentale, mais peut encore s'enorgueillir de vocaux exceptionnels grâce au sampler, comme en témoigne l'un des grands succès italiens de l'époque, le "Ride On Time" de Black Box, construit sur le sample tiré, malgré lui, de Loleatta Holloway et de son "Love Sensation". Avec une dépense relativement abordable, on peut préparer un échantillon à la maison, puis l'affiner dans un studio mieux équipé et le faire mixer correctement pour le pressage sur vinyle. Il y a aussi ceux qui parviennent à tout faire de manière autonome et indépendante, comme Pretolesi : "Par rapport à mes collègues de l'époque, j'étais un hybride", dit-il dans l'interview susmentionnée. Je savais comment enregistrer des instruments, j'étais claviériste et aussi DJ, j'ai fusionné ces compétences pour créer ma propre musique tout en la mixant.

 

Avec quelques économies, Pretolesi achète un sampler Akai S 900, un séquenceur Roland MC-500 et une batterie électronique Roland TR-909. Avec ceux-ci, il a créé le Demo Studio, un petit studio à domicile installé dans l'arrière-boutique de la poterie familiale, à l'époque au 21 Largo Giuseppe Casini, à Chiavari. 'J'attendais que mes parents ferment la boutique pour faire de la musique, parfois jusqu'au matin, et tout de suite après j'allais à l'école', raconte-t-il dans cette interview publiée par Vice en 2012. C'était une époque où je pouvais réaliser jusqu'à quinze pièces par mois. Le propriétaire (Enrico Delaiti ? nda) du magasin de disques où je m'approvisionnais, Good Music, m'a convaincu d'envoyer une cassette avec un mix à Radio DeeJay. Je n'avais pas de grandes attentes, mais j'ai reçu un appel téléphonique de Molella m'invitant à participer à un concours que la station de radio allait bientôt organiser à Aquafan à Riccione, le concours Walky Cup. C'était en 1989 et les concurrents étaient moi-même, Mauro Picotto, Daniele Davoli de Black Box et Francesco Zappalà (ainsi que Max Kelly et Fabietto Cataneo,), tous très jeunes. Picotto a gagné, mais j'avais toujours le sentiment que tout allait dans la bonne direction et c'est incroyable de voir comment chacun de nous a ensuite réussi".

 

En 1990, la techno a commencé son processus d'européanisation mais, comme nous l'avons mentionné au début, en Italie, seule une minorité a suivi le phénomène de près et, pour être honnête, la frontière entre la house et la techno était floue et pas encore définie comme elle le serait peu après. Pretolesi, convaincu que ses créations sont à la hauteur des disques qu'il trouve en vente dans les magasins, décide de tenter l'expérience. La première (auto)production s'intitule "La Bestia (Bring It On Down)" et il la signe d'un pseudonyme-cotation, S 900/S 950, une référence claire aux samplers Akai S900 et S950, protagonistes absolus de la dance music produite entre la seconde moitié des années 1980 et le début des années 1990. Le titre est publié sur Demo Studio, la marque éponyme du studio Pretolesi susmentionné, associé pour l'occasion à un logo représentant la caricature de ce qui semble être le visage de Ludwig van Beethoven, les écouteurs faisant surface sous ses cheveux flottants. Vient ensuite 'Electric Live', signé cette fois par Luca P. et produit en tandem avec Vincenzo Ciannarella, avec lequel Pretolesi reconstruit 'Electric Fling' de RAH Band avec des digressions hip house et downtempo. Le titre connaît une seconde vie grâce au remix de M&M Crew publié par la Hansa allemande et distribué en Europe par BMG Ariola en plus d'être licencié en Allemagne par Metrovynil par l'intermédiaire de Discomagic de Severo Lombardoni.

 

'Après les premiers disques, certains amis m'ont dit que ma musique sonnait vraiment bien et j'ai donc commencé à produire et à mixer pour d'autres personnes également', ajoute Pretolesi dans l'interview de 2015. Entre 1990 et 1991, il a été ingénieur de mixage sur 'Eurovision' de Demo, sur Tasmania Records, et 'Back In The Time' de Kamera, sur Flying Records. Chez Flying Records, avec qui il a signé un accord de distribution en consignation, il présente son troisième (et dernier) titre sur Demo Studio, qui, comme 'Electric Live', est un travail commun, cette fois avec Mauro Fregara, avec qui Pretolesi forme le duo Digital Boys. Il est intitulé "Techno (Dance To The House)" mais n'a rien de techno. Il s'agit d'une reprise de l'album "Dance To The House" de The House Crew, publié par Strictly Rhythm, et le featuring attribué au fictif Cool De Suck (anglophonisation ironique de cul-de-sac ?) cache en fait l'échantillonnage de l'acappella original de Norberto "Bonz" Walters. Rien d'authentiquement nouveau en somme. La surprise, cependant, se trouve sur la face B où nous trouvons 'Kokko' révisé en deux versions, Electro Mix et Suicide Mix, dans lesquelles un caractère musical inhabituel se développe. Contrairement aux morceaux publiés jusqu'à présent, qui sont essentiellement des manipulations et des interpolations de morceaux déjà édités, "Kokko" transmet plus de vitalité et d'exubérance, ainsi que des éléments soudés par des patchs échantillonnés (surtout le crochet "dance, you got the chance" tiré du Boogie Man's Mix de "In The Mix" de Mix Masters Featuring MC Action et qui se retrouve également dans "Dance, You Got The Chance" de Rhythm Masters). Le langage long et aigrelet qui s'effiloche au fil de l'écriture, tronqué par des ponctuations à l'emporte-pièce, fait de "Kokko" quelque chose de différent de la house classique chantée (signée par un nombre croissant de labels), même si une grosse voix continue d'épeler "house". "Grâce à un passage d'Albertino sur Radio DeeJay, les mille exemplaires que j'avais imprimés à mes frais se sont vendus en deux jours, si bien que Flying Records a décidé de me mettre sous contrat et d'en imprimer immédiatement trente mille autres",  révèle-t-il encore dans l'interview de Vice. J'ai commencé à jouer en Italie et en Europe au moment où la techno était dédouanée dans les clubs et où culture rave était née.

 

In Order To Dance 2

 

Kokko" de Digital Boys se retrouve sur le deuxième volume de "In Order To Dance", sur le label belge R&S Records.
Des DJs étrangers dispersés en Allemagne, au Royaume-Uni (où Sasha faisait apparemment partie des supporters), aux Pays-Bas et en Belgique ont également manifesté leur intérêt pour "Kokko". Mais ce n'est pas tout : le titre a été réédité en Espagne par Max Music, à l'époque un label particulièrement influent dans la région ibérique, et choisi par Renaat Vandepapeliere pour le deuxième volume de la compilation "In Order To Dance" sur R&S Records. Sur la liste des titres, on trouve des morceaux de CJ Bolland, Frank De Wulf, Joey Beltram, James Pennington, Dave Clarke, Mark Ryder et deux Italiens, Free Force (Roberto Fontolan et feu Stefano Cundari) avec le titre "M.I.R.C.O.". "'Kokko' a rempli les pistes de danse des discothèques, en Italie et à l'étranger", se souvient aujourd'hui Mauro Fregara, contacté pour l'occasion. "Il nous a fallu un après-midi pour réaliser 'Techno (Dance To The House)'. Après avoir mangé une pizza et bu une bière, nous sommes retournés au studio et en une heure à peine, "Kokko" était né. "Techno (Dance To The House)" est né d'écoutes répétées du révolutionnaire "Pump Up The Volume" de M.A.R.R.S. , mais comparé à "Kokko", il ne fonctionne guère. "À l'époque, enregistrer un disque de musique dance était un pari, surtout pour quelqu'un comme nous qui essayait de faire des choses innovantes. Avant de collaborer avec Luca, j'avais produit un autre disque avec Charlie Storchi, un très bon DJ avec qui j'ai travaillé à Radio Babboleo. Il s'appelait "Calanza" et était signé par Macha, mais il n'a pas eu un grand succès même s'il a été utilisé pour un reportage diffusé par la RAI, peut-être Tg2 Dossier, dans lequel on parlait de discothèques et d'ecstasy. Cela s'est beaucoup mieux passé avec "Kokko", qui a également été un succès à Ibiza. Cependant, après cela, je n'ai plus enregistré de disques, me concentrant sur le travail à la radio (j'étais technicien pour un programme appelé Rock Cafè qui était diffusé depuis Milan). Ce fut la seule apparition des Digital Boys, un nom que j'ai trouvé moi-même : à l'époque, le mot "numérique" était synonyme de technologie et faisait immédiatement penser à l'avenir. Alors peut-être que Flying Records a suggéré à Luca de garder l'alter ego au singulier pour son projet solo, mais ce n'est qu'une supposition car je n'ai été informé de rien et tout s'est terminé comme cela avait commencé", conclut Fregara. Kokko", cependant, ouvre effectivement un nouveau scénario pour Pretolesi, qui devient alors Digital Boy.

 

1991-1992, l'arrivée chez Flying Records et le boom de l'Eurotechno

 

"Kokko", face B de la troisième autoproduction de Pretolesi, est une boule de neige qui se transforme en avalanche et change littéralement le statu quo. Son succès dans divers pays européens lui vaut d'être engagé par Flying Records, l'une des maisons de disques italiennes les plus agressives de l'époque. Avec un rôle important de distributeur et d'importateur (il a une filiale à Milan, Via Mecenate, et une à Londres, à laquelle s'ajoutera plus tard une troisième à New York), la maison de disques de Flavio Rossi et Angelo Tardio, basée en Campanie, met Pretolesi sous contrat et sort en 1991 "Gimme A Fat Beat". Entraînée par le crochet vocal tiré de "The Party" de Kraze et des fragments de "Looking For The Perfect Beat" d'Afrika Bambaataa & Soulsonic Force et de "Jewel (Rough Cut)" de Propaganda, la chanson n'a pas mis longtemps à se faire connaître en Italie, grâce au soutien massif d'Albertino qui l'a portée au sommet de la DeeJay Parade. Sur la page centrale du mix, on trouve le logo du Demo Studio, bien que minuscule, dernier lien avec le bref intermède "indie" de l'artiste. En revanche, la couverture, réalisée par Patrizio Squeglia, présente une sorte d'installation artistique avec le corps d'une femme en surpoids assise sur un poste de télévision. Un deuxième téléviseur est placé à la place de la tête. "La composition graphique n'avait qu'une référence métaphorique avec le titre, le 'fat beat', et j'ai utilisé un concept de représentation purement abstrait", expliquait Squeglia il y a quelques semaines. "Bien que le titre ait un son accrocheur et très pop, il était en même temps très original pour l'époque. C'est pourquoi j'ai voulu créer une image qui frappe et intrigue sans être nécessairement didactique, mais surtout je voulais que la couverture capte un public international comme le marché britannique, où la créativité dans la musique traçait une voie innovante qui allait bientôt influencer tous les secteurs de l'industrie et au-delà".

 

Technologiko


"Gimme A Fat Beat", avec son énergie frénétique et bouillonnante, anticipe la sortie du premier album de Digital Boy, "Technologiko", sorti sur vinyle, cassette et CD. Sur ce dernier, la liste des morceaux comprend deux titres supplémentaires, le blippant "Unisys" et "Yo ! Techno'. La décision de commercialiser un album avec cette musique est assez inhabituelle à l'époque, surtout en Italie où la musique de danse voyage presque exclusivement en 12″. Le LP, qui a tendance à être lié aux milieux pop et rock, aura du mal à s'imposer dans le secteur de la musique de club, mais c'est un signe clair de la manière dont Flying Records a aspiré à réduire la distance entre le marché de la pop et celui de la danse, et à faire de Digital Boy une star de la jeunesse gérée comme celle des grands concerts. Le pressage sur vinyle (gatefold), cassette et CD en est une confirmation supplémentaire. Technologiko" révèle un son nord-européen, fortement dominé par l'utilisation de samplers et le cloisonnement post-marxien de l'échantillonnage, comme l'attestent "Digital Danze", "This Is Metal Beat !", une réadaptation de "Acid Rock" de Rhythm Device, ou "Rave Situation" avec des stabs classiques et des voix utilisées comme jonctions rythmiques, mais aussi une disposition mélodique, presque eurodance et ensoleillée avec un rap de style technotronic ("Logik"). Il y a également de la place pour une nouvelle version de "Kokko" appelée Jungle Remix (le terme "jungle" vient probablement des sons ambiants utilisés et évidents dans l'intro). La couverture avant est entièrement occupée par le logo Digital Boy entouré d'un carré bleu. "Le logo a été créé par moi en même temps que l'inscription (qui se trouve au dos et à l'intérieur du gatefold, ndlr) 'Digital Boy'", explique encore Squeglia. "Plus qu'une signification spécifique, ce signe distinctif pris en sandwich entre les deux mots avait une référence précise à ce qu'étaient les lignes directrices du design graphique qui se développait au début des années 1990. Le choix d'utiliser deux éléments à la forme rigide et définie (carré et ellipse), perturbés par une rayure centrale, a été dicté par le désir de créer une rupture avec ce qui avait été le signe "doux et romantique" qui avait accompagné divers projets de l'industrie du disque italienne dans les années 1980" . Un élément graphique de discontinuité, en somme, pour correspondre au type de musique qui était profondément différent de ce que la décennie précédente avait légué.

 

Le deuxième single extrait de "Technologiko" est "OK ! Alright', toujours construit sur cette essentialité qui rassemble tous les morceaux de l'époque pré-Technologiko greffés sur des modules similaires, c'est-à-dire de courts samples pour donner de la respiration entre les boucles de boucles rythmiques, une basse à la Bobby Orlando sur une onde carrée, des sirènes et des mini riffs de quelques notes syncopées. Licencié en Belgique par Music Man Records, le titre est basé sur "OK, Alright" des Minutemen, un projet du DJ new-yorkais Norty Cotto publié par Smokin' en 1989. Comme il était de coutume à l'époque, des remixes ont également été publiés, notamment ceux de Frank De Wulf et de DJ Herbie, le premier sur "Gimme A Fat Beat", le second sur "OK ! Alright" et "Kokko". 1991 est également l'année où UMM - Underground Music Movement fait ses débuts, dirigé artistiquement par Angelo Tardio et devenant rapidement un label phare de Flying Records. C'est précisément à UMM que Pretolesi a attribué "The Voice Of Rave" du projet one-shot du même nom, probablement interprété dans les parties vocales par son ami Ronnie Lee. Dans le catalogue du principal label du groupe napolitain, Flying Records, on trouve "Just Let Your Body Ride" de Oi Sonik, également limité à un seul exemplaire et introduit en Belgique par Music Man Records. En même temps, l'activité de remixage commence à bouger, avec les versions préparées pour "Extasy Express" de The End et "Thunder" de Mato Grosso et celle du secteur lucratif des compilations avec "Techno Beat", mixé par le digital boy, publié à nouveau par Flying Records et séquencé principalement sur du matériel made in Italy, en alternance avec deux présences transalpines, "Hell Or Heaven" de feu L.U.P.O. et "What Time Is Love" de KLF. Entre autres, il y a aussi un titre inédit de Digital Boy, "Rotation", blipper hardcore mélangé à des sirènes et des lignes de basse carrées et un sample tiré de "Jump To The Pump" de 2-Wize qui a rendu le public étranger fou. Ce titre se retrouvera, deux ans plus tard, sur le CD single de 'Crossover'.

 

La techno reformulée en Europe s'est maintenant imposée au niveau international, c'est une tendance établie qui gruge des chiffres inimaginables jusqu'à récemment. Un fleuve de musique techno, ou supposé tel, se déverse sur le marché, capable de conquérir un nombre croissant d'auditeurs prêts à être aspirés dans un tourbillon de musique jamais entendu auparavant, tant en termes de son que de rythme. Un authentique boom commercial qui, d'un côté, prend le phénomène au diapason mais, de l'autre, finit par le gonfler à travers des produits plutôt douteux. Il y a ceux qui espèrent que ce moment ne s'achèvera jamais, notamment les grossistes et les maisons de disques qui produisent des produits en série sur bande, mais il y a aussi ceux qui espèrent que cette surexposition s'éclipse au plus vite car elle conduit à la dérive de ce qu'était la techno à l'origine, à savoir tout sauf un genre régi par des expressions stylistiques conventionnelles. L'étoile de Digital Boy est toujours très brillante : il est invité dans d'importants clubs en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, la "Mecque" de ce son bourdonnant, mais aussi dans de prestigieux événements américains, surtout la rave organisée à Los Angeles par R.E.A.L. Events le 7 mars 1992, où il se produit avec des artistes de la trempe de Joey Beltram et Doc Martin. Le flyer de l'événement est agrafé à un flexi-disc 8″ qui est devenu, comme on pouvait s'y attendre, un objet de collection. Évidemment, ce ne sont pas les concerts qui manquent en Italie, dans des endroits comme Cocoricò ou Imagination à Pantigliate, où il offre un son brut, acide et insensé, comme on peut l'entendre dans ce clip. En bref, Digital Boy est devenu l'un des artistes de référence pour les adeptes d'un son décrit par Christian Zingales dans son livre "Techno" comme "une synthèse commerciale de l'empreinte abrasive d'Underground Resistance, l'humus principal d'une bâtardise européenne qui a fait la loi sur Radio DeeJay avec Albertino qui a rebaptisé ce son "zanzarisme".

 

Les idées ne manquent pas pour alimenter la discographie, et en retraçant les traces laissées par "Who Is Elvis ?" de Phenomania et en flirtant avec le son dit "hoover" obtenu avec le Roland Alpha Juno-2 et éternisé par des morceaux comme "Dominator" de Human Resource ou "Mentasm" de Second Phase, Pretolesi libère "This Is Mutha F**ker !", avec des sons qui se répandent comme de l'encre sur du papier buvard. Sur la couverture du 12″, toujours réalisée par Patrizio Squeglia, l'auteur, photographié par Emanuele Mascioni, porte une étrange paire de lunettes avec des verres de viseur, achetée à Camden Town, dans la capitale britannique, comme il le révèle lui-même dans l'interview accordée à Vice. "Ces lunettes étaient un accessoire qui a fini par identifier Luca, même sans utiliser son nom de scène", explique Squeglia. Il les a proposés de manière indépendante et toute l'équipe de Flying Records a adhéré à ce choix sans hésiter. D'ailleurs, la couverture de Digital Boy à laquelle je suis le plus attaché est celle de "This Is Mutha F**ker !": pour obtenir ce cliché, Emanuele Mascioni et moi avons demandé à Luca, pendant la séance photo, de faire un nombre infini de pompes et c'est probablement pour cela qu'il a fini par nous "détester". La tension de son corps, le noir et blanc, la version minimaliste du logo et les proportions exiguës du titre, qui contrastent fortement avec les grands titres utilisés par d'autres artistes italiens, ont rendu cette œuvre iconique et reconnaissable entre mille. J'ai toujours travaillé en symbiose avec Luca, le but ultime étant de proposer l'image d'un artiste au caractère international, différent de l'habituelle pop star italienne habillée pour l'occasion. Évidemment, tout était lié au son proposé et je pense que, vu les résultats obtenus, le travail a "marché".

 

Au dos de "This Is Mutha F**ker !", on peut lire un remerciement spécial à Akai, accompagné d'une photo de la MPC60, un instrument que la société japonaise a développé en collaboration avec Roger Linn. Parmi les crédits, nous apprenons également la naissance de Digital Boy Management, édité par Mario Cirillo. A présent, Pretolesi s'est lancé dans le star system, "This Is Mutha F**ker !" a été en tête de la DeeJay Parade pendant tout le mois d'avril, et l'époque où il bricolait dans le studio amateur de la boutique de ses parents, essayant d'assembler des sons et des rythmes avec les quelques machines à sa disposition, semble si lointaine. Pour remixer 'This Is Mutha F**ker!' (qui, selon Raveology News de mars 1997, se serait vendu à 55 000 exemplaires en Italie mais à 200 000 en comptant les nombreuses licences étrangères), ce sont les Underground Resistance, créateurs d'une version au style clair et net qui palpite sur un fond flamboyant.

 

Au même moment, l'équipe de Detroit débarque sur la toute nouvelle UMM avec 'Living For The Nite', dont les remixes sont confiés à Digital Boy, qui en fait deux réinterprétations, The Digital Morning After et The Boy's Nite Before. Le "pont" entre Pretolesi et les Américains est le susdit Tardio, qui se souvient aujourd'hui : "J'ai rencontré Jeff Mills et Mike Banks au New Music Seminar de New York, où j'étais avec Alberto Faggiana, le directeur juridique de Flying Records. C'étaient des personnes sympathiques, aimables et affables, ce qui contrastait fortement avec la musique qu'ils produisaient, si violente et aliénante, et nous sommes rapidement devenus amis. Il m'a donc semblé naturel, quelque temps plus tard, de les associer à certains projets discographiques dont je m'occupais. En vertu de son rôle bien établi de distributeur, Flying Records était un point de référence non seulement pour les entreprises italiennes mais aussi pour les entreprises étrangères qui nous faisaient confiance, sachant qu'elles pouvaient compter sur une distribution efficace et étendue ainsi que sur une entreprise plus que solide d'un point de vue financier, à l'époque son chiffre d'affaires annuel était de quarante milliards de lires".

 

(à suivre ! ;))

 

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C'est reparti pour la suite ! :shades:

 

"This Is Mutha F**ker !" se retrouve également sur la tracklist de la compilation "Punishment", dans laquelle Digital Boy a rassemblé un collage de morceaux attribués au genre qui était au sommet de son succès en Europe, de "Babilonia" de Moka DJ à "Mig 29" de Mig 29, de "UHF" de UHF (l'un des premiers projets de Moby) à "The Sound Of Rome" de Lory D et "Purgatorio" de Technicida, en passant par des succès comme "Pullover" de Speedy J, "Dominator" de Human Resource, "Who Is Elvis ? de Phenomania, "Dance Your Ass Off" de R.T.Z. et "Everybody In The Place" de The Prodigy.

 

La couverture, toujours réalisée par Patrizio Squeglia, est une provocation que les bien-pensants peuvent facilement taxer de blasphème, une re-proposition de la crucifixion chrétienne où la croix est toutefois constituée de maxi subwoofers et le visage du Christ remplacé par un écran d'ordinateur, une référence claire à l'artwork de "Gimme A Fat Beat". "En tant qu'athée, j'ai une perception des images sacrées différente de celle d'un croyant, pour moi le Christ sur la croix est juste un homme injustement torturé", précise Squeglia. "Des terminologies telles que 'Punition', 'Yerba Del Diablo' (Datura, nda) et autres étaient courantes à l'époque, notamment sur le circuit techno. Le fait d'être entre le sacré et le profane avait un attrait particulier, captant l'attention du public qui voulait changer les règles du club en s'éloignant des plateformes éclairées et en dansant dans le noir, en accord avec les basses fréquences du nouveau son qui explosait. L'utilisation d'images sacrées (voir la couverture de "The Age Of Love",) dans des contextes aussi forts était perçue comme une grande volonté de rupture avec le passé et avec la fausse respectabilité rampante. Ici, en Italie, nous avons un excellent exemple de cette école de pensée, le grand temple de la techno, Sa Majesté le Cocoricò, sur lequel il y aurait l'impossible à dire, surtout en ce qui concerne le graphisme".

 

"This Is Mutha F**ker !" est le premier single extrait du nouvel album, "Futuristik", que Flying Records imprime à nouveau sur CD, cassette et vinyle, cette fois en double. Par rapport à "Technologiko", fruit des expériences artisanales générées pendant cette sorte d'apprentissage entre les murs du Demo Studio, le deuxième LP vit dans une atmosphère colorée et se nourrit d'une gamme d'inspiration plus large, probablement dérivée des expériences de l'auteur à travers l'Europe ("vous ne pouvez pas faire des disques à succès si vous n'avez pas un sentiment et un contact constant avec le public" dira-t-il dans une interview vidéo en 1994), et montre un attrait moins commercial. Ce n'est pas non plus un album aussi monotone que son prédécesseur, Pretolesi explore de nouvelles voies en s'essayant à quelques titres orientés house ("If You Keep It Up", "Touch Me") qui ajoutent un peu de vivacité à la palette de composition, qui reste un apanage de l'eurotechno ponctué de voix humaines ("Avreibody Move"), "Jack To The Max"), parcouru de sons cristallins ("The B-O-Y", "Wave 128"), de stabs à mémoire rave ("D-Dance", sorte d'italianisation de "I Like It" de Landlord Featuring Dex Danclair), d'euphories hardcore ("Kaos", "In The Mix", "Now Come-On", "Energetiko"), de minimalisme post-pullover ("Tilt 21"). De temps en temps, des interventions vocales de Ronnie Lee, qui se fait alors appeler MC Fresh, font surface, comme celles dans "Children Of The House" enregistré lors d'un concert au Parkzicht à Rotterdam.

 

"1-2-3 Acid !" est le deuxième single extrait de "Futuristik" dans lequel l'auteur coupe un élément vocal de "In The Bottle" de C.O.D. et revient au sampling du Mix du Boogie Man de "In The Mix" de Mix Masters, bien que dans la vidéo réalisée par Nick Burgess-Jones cette partie soit mimée par le susdit Lee, le futur Ronny Money. Une autre photo de Mascioni se retrouve sur la couverture, toujours caractérisée par les lunettes à miroir, les mêmes que l'on peut voir sur la pochette de l'album où Pretolesi est immortalisé en entier et porte des t-shirts et des chaussures SPX, une marque britannique importée en Italie par Interga de Bressanone avec d'autres marques comme Daniel Poole, Nervous, Apollo, Million Dollar, DeLong, World Tribe Productions, Caterpillar et Trigger Happy. Le modèle Street Slam qui s'est retrouvé sur la pochette est devenu particulièrement populaire dans le milieu des clubs grâce aux divers témoignages qu'Interga a fait intervenir à l'époque, comme Rexanthony, KK, Digital Boy et son maître de cérémonie, MC Fresh, qui a fait au même moment ses débuts en solo avec "Don't You Wanna Be Free". Tout compte fait, Pretolesi est déjà un producteur capable de catalyser les goûts du public, principalement des très jeunes, et il est désireux de donner voix à sa créativité non seulement dans la musique, et signe en effet une ligne de vêtements (casquettes, t-shirts, pantalons, accessoires divers) avec son label.

 

Flying Records sort également "Futuristik" sur le sol britannique, mais quelque chose ne se passe pas comme prévu.d "Nous aimerions atterrir aux États-Unis mais c'est un marché très différent de celui de l'Europe et du Japon", déclare le promoteur Alessandro Massara dans un article de David Stansfield publié dans Billboard le 4 juillet 1992. "Pour atteindre un large public aux États-Unis, un artiste oit être géré par une multinationale. L'octroi de licences pour le produit à des labels indépendants n'est pas pertinent, ils peuvent vendre environ 5000 copies et ce n'est pas suffisant. L'un des problèmes que rencontre Flying Records est que certains pays ne s'intéressent qu'à un single", poursuit Massara. Notre priorité pour le moment est Digital Boy, mais nous aimerions aller au-delà de la vente du mix classique, car il est l'un des rares artistes techno en Italie à pouvoir se produire comme un véritable concert. C'est pourquoi nous avons refusé plusieurs offres de labels indépendants, et nous espérons qu'un grand label se manifestera, peut-être après le séminaire sur la musique nouvelle ou la méga rave de Los Angeles prévue pour le 4 juillet". Les espoirs de Massara sont déçus, car aucune multinationale ne s'intéresse à Digital Boy, qui entre-temps remixe "Nana" de N.U.K.E. (un des projets de l'Allemand Torsten Stenzel) et "Ti Sei Bevuto Il Cervello" de Control Unit, une dérivation démente de l'Euro(techno)dance signée par Albertino et Pierpaolo Peroni, pour des raisons évidentes pompée sur les fréquences de Radio DeeJay. "À mon avis, trop peu de temps s'est écoulé entre la sortie de "Technologiko" et de "Futuristik", déclare Tardio. "Le fait de le sortir quelques mois après le premier album a été une erreur qui a eu un impact sur les ventes, qui étaient en baisse par rapport à l'album précédent. Ce qui complique encore la situation, c'est la position dichotomique de Digital Boy sur le marché : en Italie, il est surtout suivi par les adolescents et est considéré comme un nom commercial parce qu'il est dans les bonnes grâces d'Albertino, qui le soutient sur Radio DeeJay, contrairement à l'étranger, où il reste un nom de niche dans l'underground et crédible pour un public plus adulte". Pour cette raison, les multinationales n'ont pas bougé, ne considérant évidemment pas l'hypothèse d'investir dans un artiste lié à un genre musical encore loin des projecteurs et des couvertures de papier glacé comme l'était alors la techno. Dans le courant de l'année, Flying Records lui confie également le mixage de deux compilations, 'Continuous Punishment' et 'Digital Beat', cette dernière étant accompagnée d'une couverture qui rappelle celle de 'Futuristik' avec une photo probablement prise lors de la même session mais avec une veste en cuir au lieu d'un sweat-shirt et une autre paire de SPX aux pieds, la CB 104 en nubuck rouge. D'un point de vue musical, cependant, le premier comprend quelques concessions techno (Underground Resistance, Solid State), tandis que le second déborde sur le son dance italien généraliste de l'époque (U.S.U.R.A., Anticappella, Ramirez, Glam, Mato Grosso) dont l'artiste se rapproche l'année suivante.

 

1993-1994, l'approche de l'Eurodance et la fin de l'association avec Flying Records


À partir de 1993, la tendance commerciale européenne de la techno s'est progressivement dégonflée, submergée par de nouvelles tendances qui ont conquis le goût du grand public. En Italie, en revanche, on assiste à un retournement de situation représenté par un hybride sonore porté par des artistes tels que Ramirez, DJ Cerla, Masoko, Z100, Virtualmismo et Digital Boy. La figure de ce dernier se trouve dans une position difficile : sa musique est bien trop "ringarde" pour les soldats de l'underground, mais en même temps elle sonne trop "dure" pour les irréductibles de la mélodie et du format de la chanson. "Parmi ceux qui faisaient de la techno au début des années 1990, en Italie, je suis celui qui s'est retrouvé à la radio avant les autres", dit l'artiste à ce sujet dans cette interview éditée par Damir Ivic, publiée sur Soundwall le 15 octobre 2018. "Kokko", "Gimme A Fat Beat" et "OK ! Alright" étaient diffusés sur Radio DeeJay et si vous y aboutissiez, vous deveniez automatiquement "commercial". Lory D a arrêté de jouer mes chansons depuis qu'elles ont commencé à être diffusées dans un certain type de contexte. D'un point de vue pratique, je suis devenu l'artiste techno avec un public de non fans de techno. Gig Promotion (une agence de gestion liée à Radio DeeJay, nda) m'a fait jouer dans des endroits où le public n'était absolument pas des ravers mais des gens qui fréquentaient des clubs "normaux". Donc, à un moment donné, mes collègues m'ont vu prendre "cette voie", même si je jouais toujours les mêmes choses qu'avant, devant un public différent, certes, mais la musique était la même.

 

 

Crossover


Crossover" est le seul titre que Pretolesi a sorti sous le nom de Digital Boy en 1993.
C'est probablement cette position singulière dans la scène qui a persuadé Pretolesi de donner une autre orientation à ses (rares) productions discographiques, considérablement réduites par rapport aux deux années précédentes. À Discoid Corporation, l'une des nombreuses tentacules de Flying Records, il cède deux 12″ de son ami Lee, qui a abandonné la guise de MC Fresh pour devenir Ronny Money, "Ula La" et "Money's Back". En revanche, un seul disque sous le nom de Digital Boy sort en 93, "Crossover", un succès estival avec lequel l'artiste, sans céder clairement à la construction typique de l'Eurodance, applique une modification substantielle à la matrice de son style, désormais plus proche du modèle allemand d'artistes tels que Genlog, General Base, N.U.K.E. ou U96.

 

Le titre du morceau lui-même semble résumer les intentions en indiquant un mélange d'éléments hétérogènes pouvant passer par différents univers musicaux. Dans 'Crossover', il y a du rythme, de l'énergie, un court message vocal (de son ami Ronny Money) et une spirale acid, mais la construction très prévisible de l'ensemble révèle une approche qui partage peu avec la techno. Sur la quatrième de couverture, une photo, toujours de Mascioni, donne une image de Pretolesi légèrement différente de celle des deux années précédentes, plus posée et sobre et moins ravecentrique. La version qui ouvre la face b, le L.U.C.A. Over Mix, pulse sur des rythmes accélérés et est encore révisée dans le L.U.C.A. Over Remix (labouré sur un 12″ bleu) qui semble une somme entre le son fougueux de Datura et les syncopes babillardes de Ramirez. Du côté "a", on trouve un Edit LP Mix qui suggère la présence d'un nouvel album dont on parle mais qui, comme on le verra plus tard, ne verra pas le jour. Dancing Italy a accueilli avec enthousiasme "Crossover" : bien qu'il n'ait pas conquis le sommet de la DeeJay Parade, le titre est resté dans le très convoité classement hebdomadaire pendant environ deux mois et demi (du 3 juillet au 18 septembre) et Flying Records a naturellement surfé sur la vague, tout d'abord avec la "Compilation Crossover" mixée par Pretolesi de manière très créative, puis avec divers remixes tels que celui de "Atchoo ! ! !" de Control Unit et surtout celui de "Ricordati Di Me" de Fiorello, publié sur vinyle jaune et réalisé à partir du même châssis que "Crossover". Tout semblait aller pour le mieux, mais quelques nuages se profilaient à l'horizon.

 

L'année 1994 s'ouvre sur "It's All Right" de la chanteuse britannique Jo Smith, une reprise eurodance de l'album éponyme de Sterling Void et Paris Brightledge sorti en 1987. La production, l'arrangement et le mixage du titre sont assurés par Digital Boy dans son Demo Studio. La face B du disque, publiée par Flying Records, contient également un titre inédit, "Incomprehensions", écrit par Pretolesi et Smith. Le titre, à en juger par ce qui se passe quelques mois plus tard, est-il un indice de ce qui se passe en coulisses ? Au lieu de cela, sur Discoid Corporation, Ronny Money revient avec l'infructueux "Again N' Again", une autre production du Demo Studio dans une tonalité européenne flagrante : le Digital Boy d'aujourd'hui est vraiment méconnaissable par rapport à celui de quelques années plus tôt. Le remix réalisé pour "Another Love" de Further Out, également sur Flying Records, reste également anonyme.

 

Dig It All Beat

 

Avec "Dig It All Beat !", l'aventure de Digital Boy aux côtés de Flying Records s'achève.
Cependant, les attentes des fans étaient élevées et en avril, "Dig It All Beat !" est sorti, rappelant les sons et l'écriture de "Crossover" mais avec l'ajout d'une composante pop plus perceptible dérivée des apparitions vocales de Jo Smith et Ronny Money. Bien que rappelant le succès de l'été précédent, "Dig It All Beat !" ne parvient pas à reproduire ses résultats, ne figurant ni parmi les mixes les plus vendus ni parmi les titres incontournables des DJ et des stations de radio. Elle a fait une apparition fugace dans la DeeJay Parade pendant seulement deux semaines en juin et s'est limitée à la partie inférieure du classement. Le vent tourne et la période la plus créative semble déjà derrière nous. Une impasse. La figure de Digital Boy semble plus en phase avec le ferment musical italien qu'avec le ferment international, et la publication du deuxième volume de la "Crossover Compilation" ne laisse aucun doute à ce sujet. La liste des titres va de Masoko Solo à Anticappella, de Datura à Silvia Coleman en passant par Molella, The Outhere Brothers, 2 Unlimited et Aladino. Il n'y a pas non plus l'ombre d'Eurotechno, et le morceau qui aurait pu ouvrir une nouvelle trajectoire tout en préservant les liens avec le passé, "Inkubo", est plutôt relégué au CD single "Dig It All Beat !

 

Au printemps, la sortie du nouvel album, le troisième, accompagné d'une VHS, est toujours annoncée, attendue dès octobre 93, comme le souligne Marco Biondi dans une critique parue dans Tutto Disco Dance en mai. "Le nouveau LP arrivera en même temps qu'une vidéo maison qui rassemble des spectacles faits un peu partout en Italie et ensuite réédités, ainsi que de nouveaux morceaux", expliquait Pretolesi dans une interview au magazine Trend Discotec en juin 1994. "En particulier, il y a un spectacle fait à l'Ultimo Impero à Airasca que nous avons filmé spécifiquement pour la cassette vidéo avec une équipe vidéo et des petites caméras amateurs". Une photo de l'événement en question se retrouve sur la quatrième de couverture de "Dig It All Beat !", une annonce grandiose d'une œuvre qui, du moins sur le papier, semble très forte. "'Digital Boy Live', le titre de l'album mais aussi de la VHS, est un croisement de situations ", poursuit l'artiste dans l'interview. C'est de la techno mais qui rassemble différentes influences. Il comporte des voix, de Jo Smith et Ronny Money, qui sont totalement inédites, originales, et non plus samplées comme par le passé. Je travaille sur ce LP depuis longtemps car je fais tout moi-même, je pense les morceaux, je les compose et ensuite je les mixe. Les paroles sont de Ronny Money. [...] Dans ma musique je me représente moi-même, il n'y a pas une équipe de studio qui produit un morceau pour le mettre sur le marché mais un artiste qui s'expose et représente un certain type de musique. Je suis un représentant de la techno et je suis moi-même dans tout ce que je fais, dans les spectacles, dans les disques, dans les couvertures. Il ne s'agit pas d'une image pour vendre un produit. Le titre est peut-être commercial mais c'est ce que je ressens". Pour l'occasion, Pretolesi annonce que deux ou trois singles seront extraits de "Digital Boy Live", mais au moment où l'interview est publiée, ils ne sont pas encore définis. "Je peux cependant dire qu'une édition limitée et numérotée en 10″ du single "Dig It All Beat !" sortira avec deux versions supplémentaires du titre. Seuls mille exemplaires seront imprimés et seront mis en vente dans les meilleurs disquaires après une sélection effectuée par Flying Records".

 

De l'album, de la VHS et de l'édition limitée 10″, cependant, toutes les traces sont perdues. Au lieu de cela, une nouvelle sensationnelle a filtré à la fin de l'été : Digital Boy quitte Flying Records. Au début, il ne semblait s'agir que de rumeurs infondées, mais quelques semaines plus tard, l'annonce officielle était faite. Pretolesi redeviendra indépendant, avec le soutien de Dig It International, basé à Milan, pour la distribution. Flying Records pare le coup en mettant sous contrat Elvio Moratto, temporairement éloigné de l'Expanded Music de Giovanni Natale, et le Salernois KK, vétéran de glorieuses performances aux championnats DMC et introduit dans la discographie par le Wicked & Wild Records de Fabietto Carniel de Modène.

 

"Entre 1993 et 1994, la musique de Digital Boy est devenue de plus en plus commerciale et c'est pour cette raison que j'ai cessé d'y participer", explique Angelo Tardio. Rejoindre une agence de divertissement comme Gig Promotion signifiait voir le nombre de concerts augmenter de manière significative, mais en même temps sacrifier la partie du public qui suivait un autre type de musique. Il était impossible de garder un pied dans deux chaussures et à un certain moment Luca s'en est rendu compte et a manifesté le désir de redevenir indépendant, peut-être pour sortir de la dimension pop dans laquelle Flying Records l'avait projeté avec d'importants investissements économiques. Le nôtre était cependant un "divorce" consensuel, nous n'avions aucun intérêt à l'empêcher de poursuivre sa carrière comme il l'entendait. Je me souviens de Pretolesi comme d'un type incroyablement talentueux, avec une familiarité unique avec les machines, tant analogiques que numériques. Bien qu'âgé d'une vingtaine d'années, il semblait les avoir manipulés toute sa vie et était capable de parler à tous les instruments sur lesquels il posait ses mains. C'était aussi quelqu'un qui acceptait volontiers les conseils et ne nourrissait pas son ego comme d'autres artistes ou supposés tels. Il venait généralement nous voir avec une démo que nous écoutions ensemble et que nous corrigions de manière marginale, peut-être pour quelques détails sonores ou rédactionnels. Il était très créatif mais avait parfois besoin d'être dirigé sur quelque chose de précis pour ne pas se perdre. C'est moi, par exemple, qui lui ai suggéré d'utiliser la base de "OK, Alright" des Minutemen, qui est devenu plus tard "OK ! Alright", mais loin de moi l'idée de m'en attribuer le mérite : Luca est le véritable architecte de tout ce qu'il a fait, c'était une personne qui comprenait à la volée et était très intuitive. À mon avis, il y a trois pièces maîtresses dans sa discographie, "Gimme A Fat Beat", "OK ! Alright" et "This Is Mutha F**ker !", mon préféré. À cette époque, il vendait des camions entiers de mixes, jusqu'à 50 000/60 000 exemplaires par titre, des résultats qu'il n'a pas pu égaler après avoir quitté Flying Records'.

 

(à suivre !)

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Suite...et fin !

 

Un pas en arrière pour avancer : le retour à l'indépendance

 


Bien que les interviews de la première moitié de 1994 n'aient pas éveillé de soupçons, des rumeurs ont circulé selon lesquelles les relations entre Digital Boy et Flying Records n'étaient pas idylliques ces derniers temps. Une fois que l'élan de la bulle eurotechno, qui a gonflé entre 1991 et 1992 et a éclaté au cours de l'année 1993, s'est dissipé, le besoin s'est fait sentir de tourner la page et de reconstruire une nouvelle image autour du "Digital Boy" qui, cependant, n'était probablement pas séduit par l'idée de suivre les modes et les tendances du moment. C'est ce qu'il explique lui-même dans une interview dirigée par Roberto Dall'Acqua, réalisée en septembre mais publiée en novembre dans le mensuel Tutto Discoteca Dance : "Ces derniers temps, je sentais le risque de me retrouver prisonnier d'un cliché, contraint par des contraintes contractuelles à devoir faire un single d'un certain type parce que c'était l'été et un autre d'un autre type parce que c'était l'hiver. Je n'avais pas de place pour l'expérimentation, travailler avec mon propre label me calme beaucoup dans ce sens, car j'ai un contrôle artistique total sur ce que je fais". Le label auquel il fait référence est D-Boy Records, qui débute à l'automne avec "The Mountain Of King", un titre lancé à une vitesse atypique pour la dance (surtout italienne) de l'époque et qui a une double signification, ramener l'artiste à l'indépendance et lui faire savourer à nouveau une partie du succès des débuts. Il est interprété par Sharon Rose Francis aka Asia, une chanteuse noire qui remplace Jo Smith, incapable de poursuivre la collaboration pour des raisons contractuelles. En Italie, le succès est plus qu'évident, "The Mountain Of King" capte instantanément l'attention des DJ et des programmateurs de radio parce qu'il ne ressemble à rien d'autre en circulation à l'époque et entre dans des dizaines de compilations et pratiquement tous les classements de dance FM, y compris le DeeJay Parade, où il est en tête des classements pendant trois semaines en novembre.

 

Un clip vidéo a également été tourné (inclus dans "T.V.T.B. - La Televisione Che Non C'è", une VHS à succès d'Albertino) dans lequel Digital Boy se débat avec un clavier Ensoniq ASR-10 et, dans la dernière partie, montre un vol audacieux en hélicoptère et précise la raison du titre : le "roi" est Martin Luther King. Le design de la couverture de l'album est signé Claudio Gobbi tandis que l'auteur des deux photos, l'une au recto et l'autre, plus petite, au verso, qui montre certainement le visage d'Asia au public pour la première fois, est Lorenzo Camocardi. Les ventes ont été plus qu'encourageantes, en trois semaines seulement, elle a fait plus de 40 000 exemplaires et, lorsque le classement Musica E Dischi des dix meilleurs singles italiens est apparu sur Billboard le 12 décembre, la chanson s'est classée troisième, après "It's A Rainy Day" d'Ice MC et "Stay With Me" de Da Blitz, devant des stars de la pop telles que Bon Jovi, Madonna et Vasco Rossi. Dans la même période, Digital Boy a participé à la chanson "Song For You", créée pour soutenir l'initiative de solidarité de Radio DeeJay, dont les recettes ont été affectées à la reconstruction de l'école primaire Giovanni Bovio d'Alessandria, gravement endommagée par les inondations des 5 et 6 novembre.

 

The Mountain Of King" (accompagné du virulent "S.A.L.T.A." en face B) ouvre inconsciemment une nouvelle voie et incite un nombre croissant de producteurs italiens à s'essayer aux titres à haut bpm, une tendance qui se poursuivra tout au long de 1995 et une partie de 1996. D-Boy Records, avec son napperon carré plutôt que rond et un logo représentant le chien teckel de Pretolesi, Ninì, ne prend pas la forme d'un label créé comme une plateforme exclusive pour ses productions, comme l'avait été Demo Studio en 1990. "Le label a été créé dans le but de donner naissance à de nouveaux projets artistiques de jeunes producteurs aux idées innovantes et originales, sans suivre de canons prédéterminés ou d'obligations de marché. Le seul but que nous poursuivons est de nous projeter dans l'avenir en suivant notre sens artistique", soulignait Pretolesi dans une interview accordée par Nello Simioli à Tutto Discoteca Dance en mai 1995, ajoutant : "Tous les six mois, je publie le mix d'un nouveau venu grâce aux innombrables auditions que je reçois de toute l'Italie".

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Fin 94, peu avant la sortie du nouvel album, le Digital Boy Fan Club ouvre également ses portes, une initiative grâce à laquelle les fans peuvent maintenir une ligne directe avec leur favori. Deux opérations ont été activées, la carte de fan et le coffret numérique. La Fan Card garantit des réductions sur les produits dérivés en vente chez les disquaires, offre la possibilité de participer à des rencontres avec l'artiste et de s'inscrire sur une liste de diffusion (postale) pour recevoir à l'avance les nouvelles mensuelles et un calendrier actualisé des dates de concerts ; le Digital Box Set contient quant à lui un poster, une carte postale dédicacée, un t-shirt et le VHS "Digital Boy Live" que les fans attendent avec impatience depuis environ un an.

 

1995, le troisième (et dernier) album

 

The Mountain Of King " anticipe de quelques mois la sortie du troisième album de Digital Boy, " Ten Steps To The Rise ". " C'est un disque qui ne s'intéresse pas seulement au marché italien, et ce n'est pas non plus le disque classique de la " dance spaghetti ", c'est-à-dire un projet de studio froid qui voit le musicien et le DJ en action en utilisant des " doublures muettes " comme image pour les passages télévisés ", explique Pretolesi dans l'interview éditée par Dall'Acqua mentionnée ci-dessus. Il ajoute : "cette production est sans aucun doute un retour à l'instinct et à l'intuition de mes premiers travaux. Cela me ramène à l'époque où j'enregistrais des morceaux et les mettais sur vinyle tels que je les entendais, sans aucune malice commerciale. Ce qui est vraiment important pour moi, c'est le dynamisme, la motivation qui se cache derrière". L'artiste identifie une ligne à suivre sur fond de nouvelles perspectives et prend ses distances par rapport au modus operandi typique de la dance music locale, peuplée de tant (ou trop ?) de personnages d'image tels que décrits ici. Il semble également vouloir donner un coup de ciseaux à son passé, tout en changeant de maison de disques. Il quitte sa Ligurie natale pour s'installer à Melazzo, un petit village de la province d'Alessandria, dans le Piémont, où il établit sa nouvelle base d'opérations et crée un nouveau logo, déjà apprécié sur la couverture de "The Mountain Of King" et placé au centre de l'ancien logotype "Digital Boy", seul élément graphique à garantir une continuité avec les années précédentes. L'auteur veut maintenant regarder les choses moins d'un point de vue commercial, comme il l'affirme dans l'interview vidéo de Marco Gotelli diffusée par Entella Tv à l'automne 94, et en fait "Ten Steps To The Rise" évite la prévisibilité classique des productions dance italiennes mainstream et n'est pas exactement le disque classique destiné au marché de masse, même si la ligne mélodique sans complexe de "The Mountain Of King", imprégnée d'un fil de nostalgie mélancolique, semble désavouer les intentions alternatives.

 

Cependant, il suffit d'écouter le morceau d'ouverture, "Ten Steps To The Rise", qui est une sorte de prologue raconté par la voix de Ronny Money, pour se rendre compte que Pretolesi ne veut pas du tout singer les hits actuels. "Exterminate", avec le chant profond de Flame, est une balade hard trance sur fond de mélodies datesuriennes irisées, "Get Up (To The Old School)" est un saut dans le breakbeat britannique post-Prodigy avec une veine rock intégrée (le père de Luca, Sergio Pretolesi, joue de la guitare), "The Ride" va jusqu'à toucher les rivages de l'acidcore, "7 A. M. Day Dream", toujours avec le père de Luca, et "7 A. M. Day Dream", toujours avec le chant de Ronny Money, est une sorte de prologue. M. Day Dream", toujours avec l'intervention de Flame, est une excursion onirique, "Party Hardy" est un happy hardcore ludique, "Mental Attack" flotte sur des bulles de transe sulfureuse, "S.A.L.T.A." est un marteau de démolition, "Acid Boy" aurait fait bonne figure dans le catalogue Bonzai aux côtés d'Yves Deruyter, Jones & Stephenson et Cherry Moon Trax. Au fond, on trouve "Trippin'", une hypnose au ralenti, et "Set Um' Up, Dee", où le rap de Ronny Money est encadré par un rideau d'acid d'où émerge même une citation de "Crossover". La clôture est une version de 80 bpm, presque trip hop, de "The Mountain Of King". Pretolesi, quant à lui, se lance un défi en développant et en expérimentant des choses nouvelles et plus stimulantes, en réponse à la standardisation rassurante de l'Eurodance.

 

Publié en (double) vinyle, CD et cassette, 'Ten Steps To The Rise' est un album résolument atypique pour un personnage qui a fini dans les rouages du spectacle de superclassification de la dance généraliste, Déconcertant parce qu'il ne s'articule pas autour d'une série de titres similaires aux plus populaires (et cela laisse ceux qui s'attendaient à un autre 'The Mountain Of King' ou à des titres de DeeJay Parade profondément déçus), mais il montre à l'auditeur les différents visages sonores de l'auteur, ne se configurant pas comme un récipient banal de quelques singles prometteurs accompagnés de remplissages évidents. Ce n'est pas une coïncidence si seulement un deuxième morceau, "Exterminate", a été extrait en été, combiné avec l'inédit "Direct To Rave", un engin mû par des bras pneumatiques qui sert de test décisif pour la nouvelle musique rave qui a changé depuis le début des années 90 : Au lieu des sirènes, des grilles de breakbeat, des stabs et des sons d'aspirateur, on trouve maintenant des vitesses soutenues, une translittération audio de l'avenir qui avance à la vitesse de l'éclair, et des airs de fête, représentant une époque prospère sur le plan économique et géopolitique. C'est au cours de ces années que le hardcore a connu sa phase la plus fructueuse sur le plan commercial et que des événements tels que la Love Parade ont vu leur fréquentation augmenter de manière exponentielle, "capitalisant et disciplinant l'énergie des premières raves clandestines dans un réseau millionnaire de sponsors et d'incitations de plus en plus grandioses", comme l'écrit Andrea Benedetti dans "Mondo Techno". "Exterminate" et "Direct To Rave" sont sortis sur CD et sur un vinyle particulier car ils sont tous deux gravés sur la face A mais dans deux sillons côte à côte. Plus d'un pense qu'il s'agit d'une erreur d'impression, mais c'est un expédient qui rend l'ensemble plus particulier, avec la double couverture et la face B décorée de la gravure du nouveau logo de Digital Boy, même si, tout compte fait, il s'agit d'un disque destiné davantage aux collectionneurs qu'à une utilisation en discothèque, le saut involontaire de l'aiguille finissant par désorienter le DJ et le public.

 

Une tactique efficace ?


"The Mountain Of King", que les collectionneurs recherchent aujourd'hui également en format picture disc, est devenu un titre important pour la dance music locale, capable de s'imposer à un niveau généraliste mais avec une empreinte différente de ce que le mainstream exigeait à ce moment précis de l'histoire. La discographie traditionnelle aurait surfé sur la vague en produisant, quelques mois plus tard, une suite aux caractéristiques identiques afin de pérenniser le succès et de garantir un retour économique avec un effort quasi nul. Pretolesi suit également ce modus operandi, mais pas exactement selon la formule canonique. La suite de "The Mountain Of King" arrive au printemps 1995 et s'intitule "Happy To Be", mais est signée uniquement par Asia. Préparé dans le nouveau Demo Studio, devenu Demo Studio Professional, le morceau commence là où le précédent s'achève, marchant sur des bpm serrés, une mélodie joyeuse qui semble être jouée avec un Bontempi banal et un riff euphorique qui s'attrape vite. Le continuum entre les deux morceaux est tel que pour l'apparition de l'invité sur la dernière édition de Non È La Rai, ils sont tous deux interprétés l'un après l'autre, sous forme de medley. Si Pretolesi est mis en situation, comme c'est toujours le cas à la télévision, de mimer la performance sur un clavier Roland, Asia, en revanche, chante en direct et montre qu'elle n'est pas une frontwoman, notamment à la fin lorsqu'elle fait allusion à " Fever " de Peggy Lee aux côtés d'Ambra Angiolini et au claquement de mains des filles qui, rétrospectivement, a transformé le programme de Gianni Boncompagni et Irene Ghergo en culte.

 

À l'automne de la même année, Pretolesi prépare une autre chanson qui suit les traces de " The Mountain Of King " et " Happy To Be ", à savoir " Don't You Know (The Devil's Smiling) ", mais il décide à nouveau de la confier à un autre membre de D-Boy Records, Ronny Money, accompagné pour l'occasion de Jeffrey Jey de la Bliss Team, qui avait lancé cette année-là " You Make Me Cry " et " Hold On To Love ". Ce titre clôt cette trilogie Eurodance réussie. Publier des suites sous différents noms pourrait donc être considéré comme une stratégie mise en œuvre dans le but d'impliquer d'autres membres de l'équipe et de les lancer dans le monde parallèle des performances disco, plus qu'utile pour renflouer les finances. En même temps, cela aurait donné plus de dynamisme au label, en ne le reléguant pas à un seul artiste. Il y a également un quatrième titre qui pourrait entrer dans cette catégorie, le titre 'Sky High' d'Individual, pour lequel Digital Boy a réalisé deux remixes (la première partie est celle qui suit le titre 'The Mountain Of King'). Le chant est assuré par Billie Ray Martin, bien que le featuring soit volontairement dissimulé à la demande de la chanteuse allemande. En 1995, Dig It International a également confié à Pretolesi le remix de "La Casa" d'Adrian & Alfarez, qui a fini sur Top Secret Records. Son catalogue comprend également les compilations " Energia Digitale " et " Energia Pura " : dans ces deux doubles, Digital Boy alterne l'italodance classique avec la trance dure, la house et le hardcore, un énorme chaudron multivers qui n'est pas inhabituel pour l'époque.


La première année d'activité de D-Boy Records


Inauguré de la meilleure des manières avec "The Mountain Of King" à l'automne 1994, D-Boy Records a immédiatement cherché à se faire une place sur le marché de la musique hardcore et happy hardcore, qui était alors en forte croissance et expansion. Parmi les premiers titres mis sur le marché, on trouve le joyeux "Voulez Vous Un Rendez - Vous ?" de Lee Marrant, suivi de "Khorona - Nooo !!!" du Sicilien The Destroyer, âgé de 15 ans, qui se moque de l'un des plus grands succès de l'époque, "The Rhythm Of The Night" de Corona, à travers une sorte d'audiosatire arrangée avec la fictive Concetta. Le titre est labouré sur 7″ avec la même version enregistrée sur les deux faces. Comme il l'avait prévu dans diverses interviews, Pretolesi mise sur la musique de jeunes pousses comme Underground Planet (Emanuele Fernandez et Fabio Mangione) et Giorgio Campailla aka Placid K, tout en prenant quelques licences de l'étranger (la première est "The Power Of Love" du groupe écossais Q-Tex, pour lequel il réalise lui-même deux remixes avec une coupe happy hardcore). Au tiercé " The Mountain Of King ", " Happy To Be " et " Don't You Know (The Devil's Smiling) ", D-Boy Records ajoute un autre hit discret, " Discoland " de Tiny Tot, un titre happy hardcore né un peu pour le fun avec un chant à l'hélium qui, comme nous le dit ici l'un des producteurs, Bob Benozzo, est celui d'Asia, convenablement modifié. Le titre fonctionne bien en Italie, et encore plus dans les pays d'Europe du Nord où il est licencié par les labels locaux et devient un classique dans les milieux hardcore, porté par divers remixes. En 1995, D-Boy Records a été rejoint par Big Trax Records, le premier des deux sous-labels à relayer l'idée de l'innovation.

 

1996, entre les suivis infructueux et les succès au-delà des Alpes


Au cours de l'année 1996, D-Boy Records consolide son intérêt pour la musique hardcore et gabber en sortant des EP de Placid K, The Destroyer et Ryan Campbell & The Acme Hardcore Company, mais ne coupe pas complètement le fil qui le lie au mouvement Eurodance. C'est l'heure du suivi pour Asia et Tiny Tot, les deux noms qui ont suscité beaucoup d'intérêt au cours des douze derniers mois. Pretolesi produit 'Hallelujah' pour les premiers, avec un peu moins de bpm mais avec une veine mélodique toujours fermement ancrée au modèle de 'The Mountain Of King'. Les ventes du 12″, qui est également disponible en rouge, ne sont cependant pas enthousiasmantes et les résultats sont similaires pour " La Bambolina " de Tiny Tot, un remake de " La Poupee Qui Fait Non " de Michel Polnareff datant de trente ans, reconstruit sur le modèle de " Luv U More " de Paul Elstak et avec un sample tiré de " Crazy Man " du Prodigy. Tant Asia que Tiny Tot ont soudainement perdu de l'altitude, submergés par la tendance italienne de l'année pour la dream de Robert Miles et la progressive méditerranéenne de BXR, deux genres capables d'acculer même un phénomène consolidé et apparemment imbattable comme l'Eurodance.

 

Pretolesi et son équipe ne baissent cependant pas les bras et continuent de se concentrer sur un son qui trouve un terrain fertile en Allemagne, au Royaume-Uni et surtout aux Pays-Bas. C'est dans cette optique que D-Boy Records mise sur 'Feeling Your Love' de Rhio, un titre qui s'inscrit dans le courant du happy hardcore marginalement connu même en Italie, où se développe une micro-crèche de producteurs (écoutez des morceaux comme 'Sikret' de Russoff, 'Dream Of You' de Venusia, 'Mamy' de Polyphonic ou 'A Song To Be Sung' de Byte Beaters). Les frères Andrea et Paolo Amati, contactés pour l'occasion, nous racontent : "Malgré le fait que notre présence était quelque peu anormale dans le domaine de la musique de danse, puisque nous étions principalement actifs dans la musique pop italienne avec des collaborations avec Gianni Morandi, Mietta, Flavia Fortunato, Biagio Antonacci et Pupo, nous avons proposé quelques titres à certains labels, dont D-Boy Records. À cette époque, les labels opérant dans le secteur de la dance prenaient souvent des licences et incluaient dans leur catalogue des titres de producteurs indépendants, comme nous, en les choisissant en fonction du genre qui leur convenait le mieux. Nous nous sommes personnellement rendus à Melazzo, le siège de Digital Boy, pour proposer 'Feeling Your Love' de Rhio. Pretolesi nous a reçus dans son studio et a écouté avec nous, très attentivement, toutes les versions que nous avions préparées. Il a été immédiatement enthousiaste et n'a demandé aucune modification des sons ou des parties, comme c'était courant à l'époque, mais il a voulu faire deux versions avec son équipe qui ont fini par être mixées (le Happy Hardcore Mix et le Radio Mix). Nous nous souvenons de Luca comme d'une personne amicale et très serviable, il a donc été très facile de conclure un accord de licence. Bien qu'il ne se soit pas trop mal comporté, 'Feeling Your Love' n'a pas eu beaucoup d'écho, mais a néanmoins été inclus dans quelques compilations, dont le deuxième volume de '100% Hardcore Warning ! À cette époque, des dizaines, voire des centaines de produits sortaient chaque jour et il n'était pas facile de se faire remarquer dans cette vaste mer de publications. La satisfaction est toutefois venue quelques décennies plus tard, lorsque les inconditionnels du genre ont pris conscience de nombreux titres qui n'étaient pas si mauvais, même s'ils restaient dans l'ombre. En plus de "Feeling Your Love" de Rhio, il y a d'autres morceaux dans notre répertoire de dance, notamment "Far Away" de France, que nous avons vendu à Zac Records, et "Stop Burning" de U.F.O. Featuring Dr. Straker, sorti chez Exex Records.

 

Après Rhio sur D-Boy Records, on trouve " Good Vibrations " d'Oddness, clairement inspiré de " Let Me Be Your Fantasy " de Baby D, et " Fuck Macarena ", une réinterprétation sarcastique de " Macarena " de Los Del Rio avec laquelle Ronnie Lee ouvre une nouvelle phase de sa carrière de MC Rage. La chanson, soutenue par un clip vidéo tout aussi moqueur, est devenue un best-seller en Europe du Nord où elle se serait vendue à environ 30 000 CD singles et à un million d'exemplaires en comptant les 12" et les compilations. D-Boy Records a ensuite, dans une nette contre-tendance, délaissé volontiers la dream et la progressive (même si quelques disques ultérieurs ont suivi leurs traces) pour se consacrer au hardcore et au gabber. "La naissance du mouvement progressiste méditerranéen est sans doute un bon point en faveur de l'Italie", déclare Pretolesi dans une enquête publiée dans Tutto Disco Dance en novembre 1996, "mais ce qui ne me convainc pas, c'est que notre pays se fossilise dans un schéma. Je préfère le manque de scrupules des "Allemands".

 

Let's Live


"Let's Live" est la dernière tentative de Pretolesi de surfer sur la vague de l'Eurodance.
En 1996, la place de Big Trax Records a été prise par un nouveau sous-label, Electronik Musik, sur lequel ont été canalisées des productions de trance pro telles que "Desires" d'Indaco Feat. Leika (réalisé par Massimo Tatti, assez influencé par "Children"), "Free Dimension" de Umma-Y, "Tomorrow" de P. Logan (un mélange entre R.A.F. By Picotto et Robert Miles), quelques EP de BioMontana (un nouveau projet de Flavio Gemma et Massimiliano Bocchio qui, comme Urbanatribù, ont enregistré un EP et un album admirable pour le groupe Minus Habens de Disturbance of Bari par Ivan Iusco, interviewé ici) et "Euphonia" de Underground Planet.

 

Le printemps voit la sortie de 'Let's Live', le 10″ qui sanctionne l'axe artistique retrouvé entre Asia et Digital Boy, dans le catalogue Electronik Musik, malgré le fait que le nom de ce dernier soit tronqué en Digital B. sur la pochette, une vraie bizarrerie pour les fans. La chanson est complètement en décalage avec les tendances qui consomment l'Italie en ces mois, un choix risqué mais sans l'ombre d'un doute cohérent avec ce qui a été dit dans diverses interviews sur l'intention de ne pas suivre les changements constants du marché de manière pédestre. Let's Live" s'articule autour des héritages de l'Eurodance des années 93 et 94 et d'une rédaction quelque peu irrégulière. 

 

Période d'expérimentation : la phase hardcore

 


Le cœur de Digital Boy bat désormais presque exclusivement pour le hardcore et le gabber, des genres qu'il a commencé à explorer dès le début des années 1990, en essayant de leur trouver une place même dans des lieux hors contexte, comme en témoigne ce clip de 1994 enregistré au Genux de Lonato. Battre un chemin peu compatible avec les goûts italiens ne l'intimide pas pour autant ; au contraire, cela semble l'inciter à s'éloigner de plus en plus de la scène nationale. "Je joue souvent en Écosse et aux Pays-Bas", déclare-t-il dans l'enquête Tutto Discoteca mentionnée plus haut. "Je travaille notamment pour l'événement d'un soir appelé Old School, au cours duquel nous éduquons le public en jouant beaucoup de vieux trucs. Le peuple doit savoir et connaître ce sur quoi il danse. Je me produis souvent au Parkzicht, venez m'écouter et vous comprendrez. Je n'utilise pas les cymbales comme les DJs ou les disques. J'emporte avec moi des machines analogiques, des batteries électroniques, des ordinateurs, des synthétiseurs et des échantillonneurs pour développer en direct les démos que je fais en studio afin de voir la réaction des gens et je dois admettre que les résultats sont très satisfaisants". À l'approche des fêtes de Noël de 1996, Molella a sorti 'Hardcore Bells', une version hardcore du traditionnel 'Jingle Bells' promu par Disco Makina, début décembre, dans l'un des derniers épisodes de l'émission de radio Molly. Le 10″ est agrémenté d'une pochette mettant en scène les Bad Boys de D-Boy (à savoir Tiny Tot, MC Rage, The Destroyer, Placid K et, bien sûr, Digital Boy) dans un style bande dessinée.

 

Immédiatement après, sort le premier volume de "Back To The Past", un projet avec lequel Pretolesi commence à remonter les aiguilles de l'horloge et à rembobiner la bande pour retourner partiellement dans le passé, dans son propre passé, en dépoussiérant "Kokko" et "OK Alright ! Sur le premier, il met la main sur Dutch DJ Rob, sur le second, il s'active lui-même. Le disque, présenté en avant-première le dimanche 8 décembre au Number One de Cortefranca, est sorti sur la toute nouvelle Italian Steel, l'un des labels de Raveology S.r.l. - "Raveology" est l'un des titres que Pretolesi avait destinés à UMM en 1991 pour The Voice Of Rave - qui, comme nous l'avons lu dans le numéro 2 de la rubrique D-Boy News de décembre, est une nouvelle société qui gère des disques, des événements, du merchandising et du management.

 

Retour vers le passé 1


Avec le premier volume de "Back To The Past", sorti fin 1996, Digital Boy commence à retracer sa carrière dans un style hardcore.
En 1997 sortent les deuxième et troisième volumes de "Back To The Past", qui retracent la phase de carrière de Pretolesi sous l'égide de Flying Records, avec l'ajout de nouveaux remixes (les Stunned Guys - bientôt récompensés par une version de "Paranoia" de Baba Nation - et Placid K mettent respectivement la main sur "This Is Mutha F**ker" et "Gimme A Fat Beat", Neophyte réinterprète 'Digital Dances' tandis que le duo DJ Jappo et Lancinhouse réassemble 'Crossover'). C'est encore Italian Steel qui publie " Beats & Riffs 1 ", un album contenant trois titres (" 163 - 179 ", " Him Again " et " Fist Like This ") que Pretolesi signe avec le nom de plume The Dark Side, qui fait l'objet d'éloges particuliers à l'étranger. Au cours des premiers mois de 1997, il a également commencé son aventure radiophonique : Digital Boy a réalisé un strip quotidien l'après-midi sur Italia Network, vingt-cinq minutes de hardcore et de gabber music. Titre ? "Extrême". Au fil des ans, l'émission a évolué et est également devenue une fenêtre d'information et une couverture approfondie des grands événements étrangers durs, comme on peut l'entendre dans ce clip. Pretolesi est ensuite rejoint dans la conduction par Randy et Extreme devient un véritable point de référence pour les guerriers hardcore italiens. Toutefois, avec le changement de nom de la station en RIN - Radio Italia Network, le programme a été interrompu. "À mon avis, c'était un pas en arrière !"  déclare sans détour Pretolesi dans cette interview de 2001 éditée par Antonio Bartoccetti pour Future Style. "Cependant, en Italie, le mouvement tient toujours. La vente de nos compilations thématiques se situe désormais entre 10 000 et 12 000 exemplaires", ajoute M. Pretolesi. Si l'on arrondit ce chiffre, sachant que la compilation est prêtée à l'ami, à l'oncle ou à la petite sœur, ce nombre augmente. Pour l'occasion, l'artiste dresse également le portrait de l'auditeur moyen de musique hardcore : "il l'achète, l'écoute, la danse et se déplace simplement entre les frontières technologiques. Il peut aimer le nouveau style, un certain type de trance dure, mais il ne s'éloigne pas du courant technologique et n'achèterait jamais un auteur-compositeur-interprète", souriant au comique de la situation et conscient que des phénomènes comme "The Fat Of The Land" de Prodigy ou les Chemical Brothers sont des inventions commerciales qui ont dû trouver de l'or en puisant dans le vieux rock".


À travers le hardcore et le gabber Digital Boy, entre 99 et 00, fréquemment sur les consoles des clubs de Romagne comme le Gheodrome et l'Ecu, il renforce sa compétitivité sur le marché mondial et réalise des collaborations fructueuses avec des artistes du calibre de Scott Brown (son remix de "Asylum" est signé par l'Écossais) et The Masochist (ils ont produit ensemble "Shout Out"). Ce sont également les années qui ont vu l'affirmation mondiale du D-Boy Black Label, qui a pris la place du Black Label initial de D-Boy Records, désormais absorbé par Raveology, qui a succédé définitivement à D-Boy Records en 1996 (le dernier 12″ avec le logo rouge est celui avec les remixes de " La Bambolina " de Tiny Tot réalisés par les Stunned Guys, Bass-D & King Matthew et Placid K). Au cours du nouveau millénaire, Pretolesi a commencé à réduire progressivement son activité de production, mais a toujours gardé les pieds fermement ancrés dans la scène hardcore, comme en témoignent des titres tels que "Akkur" en tandem avec MC Rage, "I'm Hard To Da Core" en tandem avec DJ J.D.A. ou "How You Diein'" en tandem avec DJ Bike de Noize Suppressor. Parmi les derniers disques réalisés, on trouve " Sugar Daddy " (avec un extrait de " Sugar Is Sweeter " de CJ Bolland), toujours avec le vieil ami Lee et sur le D-Boy Black Label, qui a fait l'objet d'une mise à jour graphique du logo avec le chien teckel mal en point. Inexplicable seulement la réapparition, en 2008, avec Shane Thomas pour l'anonyme "Sexy, Sultry, Delicious, Dirty" encapsulé dans l'electro house.

 

Selon toute vraisemblance, Pretolesi ne veut pas vivre dans le passé et ne veut pas finir vendu au marché de la nostalgie ou sacrifié sur l'autel du revivalisme, il a donc décidé de se consacrer à autre chose.


Digital Boy, trente ans après


Un peu plus de trois décennies se sont écoulées depuis que le "digital boy" a commencé sa carrière. Il ne reste probablement rien ou presque de ce jeune homme de 20 ans que nos magazines décrivaient comme "le héros de la techno italienne", avec ses cheveux longs, sa casquette de baseball presque toujours sur la tête, ses lunettes rondes à verres de viseur et animé par le désir de bouleverser les règles de la discographie : le "garçon" est devenu "homme", il a dépassé la cinquantaine et son regard est moins innocent et plus expérimenté. Depuis 2001, il vit à Los Angeles, où il a créé un super studio de mixage et de mastering, Studio DMI (DMI signifie Digital Music Innovation), fréquenté par certaines des personnalités les plus populaires de la scène pop et où il a sorti des titres tels que "On My Mind" de Diplo & Sidepiece (qui lui a valu une nomination aux Grammy Awards), "Mi Gente" de J Balvin, Jason Derulo & David Guetta Feat. Il suffit d'un banal clic sur Google pour tomber sur des interviews récentes et se plonger comme il se doit dans le nouveau cycle de travail de Pretolesi. Constamment attiré par l'imparable technologie, il a cessé de porter le rôle de Digital Boy et est redevenu, précisément, Luca Pretolesi, considéré comme une sommité en matière d'ingénierie du son, sollicité partout pour des cours, des séminaires et des ateliers. C'est pourquoi nous laissons à d'autres le soin de tracer et de raconter les coordonnées d'un parcours qui va au-delà du type de recherche effectué sur les pages de ce blog, mais avec la conscience que son histoire ne s'est pas terminée mais a continué dans une autre direction, toujours dans le monde kaléidoscopique et multiforme de la musique électronique.

 


 

 

 

 


 


 

Modifié par Moratto
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Il y en a qui font quand même "l'effort" de ne pas choisir les sempiternels hits quand il s'agit de reprendre un titre 90's, exemple avec Gaevert qui a repris The Mountain Of King.

 

 

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Vous aviez déjà vu le clip ? :mondieu:

 

The mountain of king

 

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Il me semble qu'il passait le samedi soir parfois oui

Pénible cette anamorphose du 16:9e

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Plusieurs fois ouais

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Jamais mais ça ne m'a pas manqué, comme le titre lui même d'ailleurs :sournois:

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Le clip passait très souvent sur MCM quand j'ai commencé  la regarder pas mal, début 95, il me semble même que ça passait aussi en dehors des émissions purement club. Le titre avait réussi à rentrer au Top 50. De peu, mais c'était bon ! :P

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